« C’est à l’été 2022, à 37 ans, que j’ai décidé enfin de devenir bénévole avec Grand Frère Québec. J’ai toujours eu l’impression de rendre service par ma profession. Je me spécialise dans une condition médicale et bien que je rencontre occasionnellement des patients, j’étais à la recherche de pouvoir faire une action continue, sur UN individu dans le besoin, et non sur un groupe d’individu. J’étais à la recherche de faire du bien, et de me faire du bien, à l’échelle d’une personne, one on one. Une personne que je puisse revoir, avec qui construire, avec qui grandir. 

La gang de GFGSQ m’a pris sous son aile et m’a confirmé que j’étais au bon endroit. Certes dessiner avec un petit enfant m’enchante, mais je dessine mal et j’avais envie de pouvoir discuter profondément avec un jeune ‘’moins jeune’’, un 16-21. J’ai rushé ma vie entre 16 pis 21. Je sais que c’est difficile comme période. Je sais aussi que je l’ai eu pas mal facile contrairement à d’autre. On a jasé et on a trouvé un match. Je vais l’appeler Y pour le reste de ce récit. 

Je ne cacherai à personne que je pleure encore quand je décris Y. Je pleure en ce moment, mais je souris en pleurant désormais. Quel bonhomme fascinant. J’ai été sous le choc après seulement dix minutes avec lui. Il ne sait pas, mais certains trucs qu’il me disait étaient intenses pour moi. Y rêve de choses tellement simples. Y est super intelligent. Y n’a pas été chanceux jusqu’ici, mais Y ne s’y arrête pas. Y est ‘’comme les autres’’, mais il ne l’est pas vraiment. Y me trouve vieux et drôle. Y me trouve rigide, parfois. Y n’aime pas quand je le bats au ping pong, ni au pool. On s’aime pas mal, Y et moi. On se respecte beaucoup. On se fait confiance. On a la chance de partager le même genre d’émerveillement facile, Y et moi. Moi, j’aime le simple parce que cela me calme. Y aime le simple, car il n’a jamais vraiment eu la chance de connaître autre chose. Je suis surpris de tout ce qui est nouveau pour lui. Cela me facilite la tâche, mais me fait aussi constater son parcours atypique. L’important, c’est qu’on aime le simple ensemble. Et on passe du bon temps. Du si bon temps. J’espère qu’il apprécie chaque minute autant que moi. 

Y pense que je lui rends service, et je pense que c’est vrai. Je suis un gars super fonctionnel, qui a accompli un truc ou deux selon les standards de la société normale. Il me trouve bien comique, je pense. Mais ce que Y ne sait pas vraiment, c’est que c’est lui qui me rend un des plus grands services de ma vie. Y me donne une perspective qui me chamboule au quotidien. Je l’ai déjà, ma raison de vivre. Je l’aime, ma vie. Je le savais avant de rencontrer Y, mais Y est venu cimenter tout ce que je croyais. 

Merci Y pour tout ce que tu es. Je t’en dois une. Y et moi on remercie Grand Frère Québec, car sans eux, on ne serait pas des amis, et ce serait une chose bien triste de ne pas partager nos vies. » 

– Patrick ; Grand Frère  

«Je suis intervenante auprès des adolescents depuis 25 ans. Au cours de ma pratique, j’ai eu la chance de rencontrer un jeune homme attachant (que nous appellerons Y) dont je suis l’éducatrice depuis quelques années. Y a de gros enjeux au niveau de sa santé. En fait, il souffre d’une maladie incurable très rare dont il a été affligé dès sa naissance. Il a malheureusement aussi de très gros problèmes familiaux et un cercle d’amis très restreint, voire inexistant. Y a des soins très importants à faire quotidiennement pour éviter que ses problèmes de santé se dégradent et l’amènent à une mort prématurée. 

Malheureusement, par moment, il perd espoir et ne trouve plus de sens à sa vie. Durant ces moments, il peut diminuer la qualité de ses soins ou même les arrêter car selon lui, ça ne sert à rien. Malheureusement, Y n’a pas été investie par son entourage et il s’est refermé sur lui accompagné de sa console de jeux vidéo. Il est suivi par des intervenants et son équipe médicale depuis sa naissance. Les gens les plus proches de lui ce sont ces personnes. Malheureusement, force est de constater que lorsqu’il atteindra la majorité, il perdra en grande partie cet entourage. 

C’est en cherchant des options pour Y que j’ai entendu parler de l’organisme Grands Frères, Grandes Sœurs. L’idée derrière cette démarche était de trouver quelqu’un, autre qu’un employé du système de la santé et des services sociaux, qui a des intérêts semblables à lui et qui accepterait de s’investir auprès de lui à long terme pour l’amener à découvrir la vie, à sortir de sa chambre, à mettre ses jeux vidéo de côté et ainsi lui permettre de reprendre espoir en l’avenir. Je souhaitais aussi que cette personne puisse l’accompagner au-delà de sa majorité, lorsqu’il perdra la majorité de ses repères. 

Quand je lui ai proposé ce projet il a rapidement dit oui, enthousiasmé par l’idée. Le jumelage avec son Grand Frère fût un succès immédiat! Leur complicité est devenue rapidement visible et lorsque je rencontre Y, il me parle toujours des projets qu’il a avec son Grand Frère. Enfin, il a des choses à dire, à raconter. Il vit des expériences nouvelles et est toujours enchanté. 

Pour être honnête, je me félicite d’avoir fait cette démarche, je lève mon chapeau à cet organisme et ses artisans pour avoir contribué à redonner espoir à un jeune homme qui était désespéré. Je les félicite aussi d’avoir trouvé un bénévole de cette qualité pour cet ado. 

Depuis ce jumelage, Y arrive à se projeter dans l’avenir, ce qu’il avait arrêté de faire depuis longtemps. Il a des étoiles dans les yeux quand il me parle de ses sorties avec son Grand Frère et même si la fatalité le rattrapera un jour ou l’autre, il continu à rêver, il ne baisse plus les bras. 

De mon côté, le fait d’avoir pu être la personne de référence pour l’organisme m’a permis d’assister au processus (parce que je le voulais bien!) mais ça m’a aussi permis de voir la belle évolution de Y suite à ce jumelage. » 

– Message de l’intervenante du jeune